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Des châteaux qui brûlent - Bertina

Crédit photo : Thierry Cantalupo
Samedi soir c'était théâtre en pleine campagne.
Tout commence face au cimetière de Fontaine-Guérin : on aperçoit dans le soleil les croix des tombes. Un homme est perché sur le muret qui sépare les mondes des vivants et des morts. Il est étrange, hirsute, torse nu et barbouillé de rouge sang, en slip blanc. Il porte des lunettes et une cravate. Sur ses cheveux trop longs, une couronne ornée de plumes de poulets. ll est habité. Il prononce un discours. Il  s'appelle François Deniac, il parle de la France et de ses adversaires. Il parle de projets, il parle de rêves.
La pièce commence donc par un monologue  de candidat à la présidentielle, un monologue tiré du discours du Bourget de 2012 de François Hollande.
Les salariés d'un abattoir de volailles décident, sans les syndicat - ils leur auraient dit d'attendre, de séquestrer le Secrétaire d'Etat à l'industrie venu "à leur chevet" proposer un projet de reconversion locale du site. Les dispositifs s'enchainent et s'entremêlent ; que vont dire et faire les salariés ? Que va dire et faire le secrétaire d'Etat ? Que vont dire et faire le Préfet et les CRS ? Que va dire et faire le gouvernement ? Que va dire et faire la presse ? Est-ce sérieux ? Est-ce une farce ?
Si j'avais été un peu déçue l'année dernière avec l'adaptation de Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, j'ai fort apprécié ces châteaux qui brûlent. La mise en scène sobre laisse toute sa place au texte fort ponctué de petits monologues saisissants François Déniac, Pascal Montville, une salariée sans permis.

La pièce se joue encore les 27 et 30 août à 20 h30 à Fontaine-Guérin.
L'année dernière Xavier Liébard a tourné un documentaire sur la troupe. A voir à Beaufort-en-Vallée ce jour vers 17h, demain lundi à 14h aux 400 coups à Angers et sur France 3 le 30 septembre.

Rendez-vous en Anjou en Août

Des châteaux qui brûlent, Arno Bertina, nouveau théâtre populaire

Chaque année, en été je retrouve la maison familiale au coeur de l'Anjou. Chaque année ou presque, j'ai quelques rendez-vous dans cette terre de naissance en fin de mois.
Cette année c'est le XI ème épisode du théâtre à Fontaine-Guérin. Six nouvelles pièces seront jouées sur le plateau Jean Vilar, en plein air, en pleine campagne, du 17 au 30 août.
J'irai voir jouer Des châteaux qui brûlent de Bertina. Synopsis de cette fiction adaptée pour le théâtre par Arno Bertina et Julien Campani : des salariés d'un abattoir de volailles placé en liquidation judiciaire séquestrent pendant plusieurs jours le Secrétaire d'Etat à l'Industrie.
Retour sur Richard III de Shakespeare vu en 2016.

marché des potiers, Rablay sur Layon, céramique, poterie

Le marché des potiers de Rablay-Sur-Layon. Sur la place du mail, samedi 24 et dimanche 25 août, potiers et céramistes exposent et vendent leurs oeuvres. Chaque année je me laisse tenter par un bijou...

Musée de la Toile de Jouy

Je suis allée visiter le musée de la toile de Jouy, château de l'Eglantine, RER C arrêt Petit Jouy-Les loges. Joli musée, simple et didactique. A l'entrée le parterre de fleurs en bandes horizontales (comme les toiles de Jouy colorées hier étendues dans les prés) crée par le plasticien Jean-Max Albert est ravissant.
Musée de la toile de Jouy - château de l'Eglantine
Premier étage : la visite commence en haut de l'escalier de droite.
Jouy 1760 - fin XVIIIe siècle Les motifs floraux ont constitué la plus importante production de la manufacture de Jouy. Ces fleurs s'inspirent des indiennes et des perses parfois des chinoiseries.
Caraco 1789-1793 - coton imprimé à la planche de bois - branches fleuries d'inspiration orientale
Planches d'échantillon vers 1795
Lettre de commande 1790 - 1803 Echantillons de coton collés sur les commandes par les clients
Technique : à la planche de bois, plaque ou rouleau, l'impression se fait avec des mordants, sels de fer et alumine, pour créer des toiles bon teint aux couleurs résistant au lavage et à  la lumière.


Rouleaux de cuivre
Blocs d'impression bois-métal
Détail : bloc d'impression bois-métal

Teintures : baies de nerprun, cochenilles du Pérou, Fleurs de Catharne,  racines d'orcanette, graines de rocou, extrait de cachou, pigments de garance.

Les couleurs sont appliquées à la planche de bois ou au pinceau (indigo) et jaune (gaude, quercitron). Pour le vert, superposition de bleu et de jaune ; après 1806, le vert nécessite une seule application.
 Chinoiseries et autre détails
Chinois à la brouette - livre de dessins de Fraisse pour le duc de Bourbon
Chinois à la brouette - XVIIIe - imprimé à la planche de bois et picots de laiton vers 1760
Fragment d'une robe de Marie-Antoinette vers 1780
J'ai fait quelques emplettes dans la boutique mais attention les prix sont assez élevés. Ensuite, je me suis rapidement baladée dans le joli jardin.


Journées européennes du patrimoine


Hier 16 septembre, et aujourd'hui 17 septembre, ce sont les Journées européennes du patrimoine. Partout en France, 17 000 monuments ouvrent leurs portes et proposent des animations pour cette 34e édition.
Moi j'ai choisi d'aller au Musée de la toile de Jouy, au château de l'Eglantine ; l'entrée est gratuite entre 11h et 18h. A l'issue de la visite (guidée à 11h30 et à 15h), on peut faire une ballade du dimanche dans le jardin attenant et y rencontrer les abeilles dont les ruches sont disposées ça et là.
Demain je vous montre des photos de ma charmante visite !

Une vie, Stéphane Brizé

Après La loi du marché, changement d'ambiance pour le réalisateur Stéphane Brizé. On passe de l'époque contemporaine au début du XIX ème siècle, du peuple à l'aristocratie. Brizé choisit d'adapter le roman, premier roman, Une vie de Guy de Maupassant. Nous sommes en Normandie en 1819, Jeanne le Pertuis des Vaudes, jeune femme protégée, se marie avec Julien de Lamare et perd au fil du temps et des trahisons ses illusions.
Film cruel sur la vie d'une femme qui perd tout. Elle ne voulait pourtant qu'une vie simple, qu'une enfance heureuse qui continue, mais, n'est-ce pas le sort réservé aux femmes ?, en confiant son destin aux uns et aux autres, aux hommes surtout, elle devra affronter des épreuves inattendues.
Pas simple sans doute d'adapter Maupassant, jamais simple de montrer le quotidien, le temps qui passe doucement (car la chute, même la chute, d'une femme parmi d'autres, n'est jamais spectaculaire) au cinéma, mais Stéphane Brizé, réussit bien à dépeindre "l'humble vérité" de la vie des antihéros. Ca m'a donné envie de lire le roman que je n'ai pas étudié au lycée, mon professeur de l'époque lui préférant La femme de trente ans de Balzac et la lénifiante Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.



La septième fonction du langage, Laurent Binet

La septième fonction du langage, Laurent Binet
Sur la liste des livres de poche établie en septembre dernier, j'ai retiré un ou deux livres pour en ajouter un ou deux autres. Je n'ai pas trouvé Oréo de Fran Ross  et ai renoncé pour l'instant à Christine Angot et Arnaud Le Guilcher. Je me suis laissée tenter par la version illustrée de Charlotte de David Foenkinos  et je viens de commencer La petite femelle de Philippe Jaenada après hésitation avec le dernier Elisabeth George sorti en poche Juste une mauvaise action.

Côté polar, j'ai terminé La fille du train best-seller de Paula Hawkins. Et bof bof...si au début l'intrigue m'a plu, j'ai vite été agacée par le rythme, par les personnages juste effleurés, par le style banal. Bref, je n'en garderai pas un souvenir impérissable.

*

En revanche je me suis réjouie avec La septième fonction du langage de Laurent Binet. On se plonge au milieu de l'intelligentsia parisienne d'hier (l'histoire commence le 25 février 1980). Imaginez rencontrer Michel Foucault, Jacques Derrida, Louis Althusser, Umberto Eco et d'autres. Tout commence avec la mort du sémiologue Roland Barthes. Etre renversé par une camionnette conduite par un chauffeur bulgare au sortir d'un déjeuner avec un candidat à la présidentielle, c'est suspect. Forcément. Jacques Bayard, policier, est chargé de mener l'enquête sur cette mort inattendue. Mais il est perdu dans la sémiologie. Il s'octroie donc les services d'un jeune professeur de l'université de Vincennes Simon Herzog. 
Roman didactique, Laurent Binet et Umberto Eco nous expliquent 1)la sémiologie 2)les six fonctions du langage énoncées par Roman Jakobson 3)ce que pourrait être la septième fonction. Philippe Sollers nous montre, au sacrifice d'une partie de son corps, ce qu'on pourrait faire si on possédait cette septième fonction  et ce qu'on fait en ne la possédant pas...C'est drôle et érudit. Bien sûr quelques passages sont longs et d'autres écrits en italien, mais le tout reste bien enlevé et truffé d'anecdotes. Vous saviez, vous, que Louis Althusser avait étranglé sa femme ? Que Derrida était ami avec Paul de Man et en guerre avec Searle?
Roman (un peu) politique, vue à gauche (Sartre, Foucault...), gauche imparfaite (Mitterrand, Bernard-Henri Lévy...), Bianca (amie italienne de Simon, le thésard de Vincennes)  confesse " sa haine des bourgeois qui accaparent toutes les richesses et affament le peuple. Tu te rends compte, Simon, qu'il y a des bourgeoises qui dépensent des centaines de milliers de lires pour acheter un sac à main. Un sac à main, Simon !". Que les femmes sont futiles !
Que les intellectuels parlent philosophie, histoire, lutte des classes et c'est intéressant, qu'ils parlent des femmes et ça devient franchement bizarre.

Divines de Houda Benyamina



Au milieu de la misère à la périphérie parisienne, deux gamines larguées dans un BEP commerce. Pourquoi faudrait-il s'inventer motivée, vachement intéressée, par un BEP commerce qui nous amènera au mieux vers un smic à hauteur de temps partiel, au pire vers Pôle Emploi ? Pourquoi on ne pourrait pas plutôt rouler en Ferrari sur de belles avenues ? Pourquoi ?
Pour se sortir de la zone, disons de la pauvreté, qu'est-ce qu'y est proposé alentours ? La drogue. Dealeuses.
Les deux gamines sonnent à la porte du caïd du quartier Rebecca. Comme tous les caïds, elle n'est pas très catholique, demande beaucoup, donne peu. Et les voilà embarquées au bas des barres d'immeuble, à s'ennuyer ferme en attendant le client, l'argent rentre un peu de quoi faire les boutiques, gâter les uns et les autres. C'est que de la zone on n'en sort pas comme ça...en plus il y a Dieu qui s'invite dans les nuits, il chuchote que "ce n'est pas bien" toute cette rage qu'il faudrait regarder vers l'amour.
Mais qui écoute Dieu aujourd'hui ? Et nous voit-il vraiment ? Peut-il nous tendre la main ? Non. Divines, c'est la tragédie de la vie.
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Caméra d'Or à Cannes amplement méritée. Les actrices sont bluffantes. J'ai ri, été bousculée, attendrie, en colère et bercée par la superbe musique signée Demusmaker.

Rentrée littéraire en poche

citation, lire

Lundi 29 août 2016

La rentrée des livres de poche 2016 se prépare du côté de chez moi. Voici les livres que j'ai en tête guidée par ce qui défile sur les réseaux sociaux des maisons d'éditions et sur les souvenirs que j'ai des descriptions, devrais-je dire critiques, des sorties grand format.

Editions le livre de poche
31 août - Amélia Kimberly McCreight et La septième fonction du langage de Laurent Binet
7 septembre - Les gens dans l'enveloppe d'Isabelle Monnin avec la musique d'Alex Beaupain à télécharger

Editions Pocket
1er septembre - Ric Rac d'Arnaud Le Guilcher
7 septembre - La fille du train Paula Hawkins

Editions 10_18
18 août - Oréo de Fran Ross

Editions J'ai lu
7 septembre - Un amour impossible de Christine Angot

Pour l'instant rien trouver qui me plaise chez Folio.

Je vais aller fureter dans les librairies et on verra avec quel panier je ressortirai...si je me serai décidée pour tous les livres de ma mini sélection, pour quelques livres seulement, pour d'autres livres. Suspense.

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Mercredi 23 novembre 2016

J'ai arrêté ma liste et fait mes achats. J'ai gardé Amélia et Les gens dans l'enveloppe. 
Finalement j'ai trouvé chez Folio Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie et la version illustrée de Charlotte de David Foenkinos.
J'ai lu et aimé La septième fonction du langage de Laurent Binet dont je vous livre un commentaire si vous cliquez sur le lien. J'ai beaucoup moins apprécié le best-seller La fille du train, si j'ai été embarquée dans l'histoire dès les premières pages, tout s'est vite essoufflé et je me suis ennuyée. Mais j'ai mis la main sur une valeur sûre du roman policier, Elizabeth George, Juste une mauvaise action. Je serai heureuse de retrouver l'enquêtrice Barbara Havers et l'inspecteur Thomas Linley. Là je vous parle des livres de poche, mais Elizabeth George vient de sortir un nouveau grand format, Une avalanche de conséquences...j'en ai donc pas fini avec les fins limiers anglais. Pour l'heure je suis l'enquête que Philippe Jaenada mène sur Pauline Dubuisson dans son livre La petite femelle. Je lis cette enquête fournie après le roman sur la même Pauline Dubuisson de Jean-Luc Seigle, Je vous écris dans le noir. Roman qui m'a laissée dubitative mais j'en reparlerai.
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Richard III, Shakespeare.

Richard III, Shakespeare, Nouveau théâtre populaire

Pour y arriver, il faut prendre les routes de campagne direction Fontaine-Guerin entre Angers et Saumur. Comme pour tous les villages de campagnes, on cible l'église, la supérette et on y est, quelques affiches, un comptoir d'accueil où retirer les places réservées par téléphone, une buvette. On serpente un peu entre pêchers et autres arbres fruitiers ou feuillus, une scène à étages en planches de chantier, des sièges façon cantine ou salle d'attente du tout venant à la Sécu, quatre gros spots...20h40 ; ça commence. 

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Richard III, William Shakespeare, le Nouveau Théâtre Populaire s'attaque à un Monstre du répertoire théâtral mondial.
Angleterre, XVIème siècle, la fin du règne d'Henri VI est marquée par des querelles dynastiques autour de son successeur, malade, Edouard IV.
Richard, son frère, laid, difforme, boiteux, entend conquérir le pouvoir en balayant tous les obstacles (vivants) qui surviendront sur sa route. Cruel, perfide, fourbe, il ambitionne de dresser ses ennemis les uns contre les autres. Ainsi il fait assassiner son frère Clarence, accuse la Reine du meurtre, laissant s'engager une guerre des clans assassine. Les fils de la Reine, des enfants, d'abord emprisonnés dans la tour de Londres, seront eux-aussi exécutés laissant la couronne à Richard III.
C'est donc un texte classique, adapté avec de modernité juste ce qu'il faut, que les remarquables acteurs récitent. Mon admiration va en priorité à Richard, Mustafa Benaïbout, mais aussi à la performance, courte mais brillante, de Lady Anne, que Richard veut épouser après avoir assassiné son époux, Pauline Bolcatto et au Duc de Buckingham, acolyte de Richard, Lazare Herson-Macarel. Mais bien entendu c'est une chorale et tout doit être exactement en place pour que tout fonctionne.
La mise en scène est dépouillée mais maligne, vivante et surtout elle laisse place au texte et à l'Acteur. On notera les scènes soignées de début et de fin et l'apparition déglinguée de Margaret, veuve d'Henri VI, jouée par l'acteur Philippe Canales, tout aussi remarquable dans son rôle d'Edouard IV.

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Le Festival du Nouveau Théâtre Populaire a vu le jour en 2009. On y joue en plein air et en en pleine campagne des grands textes du répertoire français et mondial. Le tarif est unique 5€ (la communauté de communes, la direction régionale des affaires culturelles des Pays-de-la-Loire subventionnent) mais on peut mettre dans le discret chapeau à la fin de la pièce.

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PENTHELISEE/KLEIST les 23, 29 août à 20h30
RICHARD III/ SHAKESPEARE les 24, 27 et 30 août à 20h30
LE JOUR DE GLOIRE EST ARRIVE les 25 et 28 août à 20h30
BLANCHE NEIGE les 25 et 27 août à 11h 
LA TEMPÊTE / SHAKESPEARE les 24, 26 août à 20h30
LA PAIX/ARISTOPHANE les 21 et 28 août à 16h
8 rue Célestine Garnier 49250 Fontaine-Guerin

Les spectacles sont aussi en tournée.

Les Intéressants de Meg Wolitzer

Les intéressants Meg Wolitzer livre de poche


Le roman (américain) commence dans un camp de vacances pour adolescents artistes...amateurs de danse, de musique, de dessin, de théâtre. Julie, enfant d'une famille monoparentale modeste (son père est mort à la quarantaine d'une crise cardiaque), y rencontre d'autres adolescents dont les fortunés Ash et Goodman qui la fascinent.
Les amitiés adolescentes sont puissantes ; elles nous hantent toute la vie. Nous suivons donc le destin de Julie. Deviendra t-elle comédienne à New York ? Se mariera t-elle avec Ethan ? Avec Goodman ? Jonah exploitera t-il son talent de musicien ? Le roman présente les ascensions et désillusions de ces adolescents devenus adultes dans un roman dense mais un peu ardu. Les thèmes soulevés : la réussite, le mariage, les espoirs déçus ou habités, l'argent, la jalousie, l'amitié, la famille sont universels...et peu glorieux. Lectrice, je retrouve, comme en miroir, les difficultés de la vie moyenne. A quoi, à qui suis-je destinée ? Pourquoi ai-je réussi ceci et pas cela ? Aurais-je pu faire mieux ? Où dois-je aller ? Est-ce ce que je veux vraiment ? Suis-je heureuse ? Le bonheur est-il possible ? 
Roman réaliste, troublant, philosophique, intéressant.

Les Intéressants, Meg Wolitzer au Livre de Poche

Après cette plongée dans l'Amérique du XXème siècle, je reviens dans la capitale française, au coeur de l'aristocratique XIX ème siècle, avec La part des flammes de Gaëlle Nohant. Et je repère les livres de la rentrée littéraire version poche. Retour sur tout ça lundi prochain.

La dernière fugitive Tracy Chevalier

livre Tracy Chevalier La dernière fugitive

Pour fuir un amour déçu, Honor suit sa soeur Grace dans la traversée de l'Atlantique. De Bridport, Angleterre, elles doivent rejoindre Adam Cox, futur époux de Grace dans l'Ohio, Etats-Unis. Mais Grace ne survit pas au voyage terrassée par la fièvre jaune. Honor sera accueillie par le mari promis. Elle s'installe alors dans un étrange et inconfortable ménage à trois ; Adam Cox accueille également sous son toit sa belle-soeur, veuve de son frère Matthew. Bientôt elle rencontrera Jack qui lui demandera sa main. Elle devra alors rejoindre la ferme familiale et trouver sa place entre mari, belle-soeur et belle-mère. Elle découvrira l'Amérique...terre d'espérance, terre des possibles, terre de renouveau, terre d'esclavage, terre puritaine, terre de harcèlement. Honor est quaker, membre d'un mouvement religieux sans clergé, sans rite, sans sacrement, fondé sur l'expérience de la lumière intérieure que chacun porte en soi. Comment issue d'une société où la liberté est une des premières valeurs morales pourra t-elle ne pas braver les interdits d'une société américaine qui juge que la place des Noirs est dans l'esclavage. Comment au coeur de l'Ohio, terre de passage vers la Canada où les hommes sont libres, ne pas aider les esclaves à traverser les frontières ? Seule, loin de son pays, de sa famille et de ses amis, Honor devra trouver des réponses.

*

L'histoire d'Honor est aussi prétexte à découvrir l'existence de l' Underground Railroad. Un "chemin de fer souterrain", un réseau qui aida entre 1830 et 1860 les esclaves à fuir les états esclavagistes des Etats-Unis pour le Canada. La question du pourquoi de l'esclavage est traitée sèchement par l'auteur qui la réduit tout à fait à ce qu'elle est : une simple commodité économique. Tellement de raisonnances avec  diverses situations d'aujourd'hui. L'autre fil, plus léger que l'on suit, est l'importance des patchworks dans les traditions anglosaxonnes...ils font partie intégrante de la dote...Honor, particulièrement douée pour les travaux d'aiguille, en réalise plusieurs qui sont brièvement décrits tout au long du roman.
France Patchwork propose dans le cadre du concours  "Le quilt de la fugitive" d'en réaliser un à partir des indications données par Tracy Chevalier dans son roman. Je ne suis pas adhérente à France Patchwork, je ne participerai pas au concours, mais j'ai trouvé amusant de prendre quelques notes lors de ma lecture...peut-être me lancerai-je dans l'interprétation d'un des quilts du roman.

La dernière fugitive, Tracy Chevalier, Editions de poche Folio

Diamant noir



Au début, une main est coupée. Ca se passe dans un atelier de taille de pierres dans le quartier des diamantaires à Anvers, en Belgique, un quartier en forme de S.
Perdre une main pour un tailleur de pierre c'est viré dans la folie. Il part, quitte Anvers pour l'Italie, puis la France, roule d'échec en échec. C'est dans la capitale française, à l'occasion de son enterrement, que nous retrouvons son fils Pier, dans le bâtiment le jour, voleur d'objets d'art la nuit. Un enterrement, lieu de rencontres des famille décomposées. Pier fait la connaissance de Gabriel, son cousin, qui l'embarque à Anvers, dans le quartier en forme de S. Retour vers le lieu du drame de son père, source de fantasmes et de rancoeurs. A Anvers, peut-on assouvir une vengeance ?
Il faut saluer, absolument, l'art du récit du réalisateur. Enfin un film qui avance sans bavarder plus que de raison sur la psychologie des personnages. On avance avec Pier ; on se demande ce qu'il va lui arriver, comment va t-il se comporter, se sortir de telle ou telle situation. Evidement c'est un film noir, pas de place pour une happy end, pas de place pour la grandiloquence, tout est net et beaucoup est dit sur l'argent, l'arrogance, la famille, le désir, la confiance, les déceptions, la loyauté, l'abandon.
Prix du Jury à Beaune, très mérité, sûrement.

Le siècle de Ken Follett

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Les amoureux des romans historiques...mais néanmoins modernes connaissent certainement déjà Ken Follett. 
J'aime beaucoup ces romans fleuves où l'on suit le destin de plusieurs personnages, souvent des familles, à travers l'Histoire. On (Télérama) lui reproche un peu de ne pas fouiller la psychologie de ses personnages...bah oui l'écriture est fluide, elle avance et on ne s'ennuie pas.
Je suis une inconditionnelle des romans de poche, transportables, facilement rangés ou posés ici et là, moins chers. 
La dernière oeuvre de Ken Follett est la trilogie Le siècle. Depuis 2012, j'ai lu tous les deux ans un gros roman d'environ 1000 pages et suivi le destin de familles d'Angleterre, de Russie, des Etats-Unis et d'Allemagne à travers le XXème siècle.
Le siècle 1, bleu, La chute des géants. On assiste à l'affaissement de l'aristocratie. En Angleterre les mineurs se rebellent ; en Russie, la révolution russe brûle les palais et installe le communisme. Dans une Europe en guerre (1914-1918) certains fuiront vivre l'American dream.
Le siècle 2, jaune, L'hiver du monde. Les ouvriers anglais gagnent des victoires et c'est au tour des femmes, qui ont vécu, elles aussi, la guerre, combattantes, de demander l'émancipation et de se mêler de politique. En Russie, de nouveaux puissants, communistes, enfantent d'une dictature. En Allemagne, Hitler gagne le pouvoir et le nazisme s'installe. La seconde guerre mondiale éclate. 
Le siècle 3, Aux portes de l'éternité. C'est la mondialisation, on passe plus que jamais d'un pays à l'autre. On voudrait se métisser mais les tensions raciales sont vives. Aux Etats-Unis, les luttes pour les droits civiques des Noirs sont source de grandes violences. En Angleterre, l'industrie musicale et culturelle devient puissante et source de richesses. En Allemagne le mur de Berlin divise les familles et les mondes qui s'affrontent dans une guerre froide. Mais la Russie est malade...
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Aux Editions Le livre de poche

Les innocentes, Anne Fontaine

C'est vraiment chouette d'avoir dans sa ville un cinéma indépendant à la programmation éclectique. Depuis toujours je vais Aux 400 coups. Mardi dernier j'ai profité du Cinéday Orange pour aller à la séance du film d'Anne Fontaine Les innocentes. J'étais réticente malgré les bonnes critiques entendues à la radio et la réalisatrice dont j'ai vu et apprécié plusieurs films ; en cause la tristesse du sujet. 1945, Pologne, Mathilde travaille comme interne dans un camp de la croix-rouge française. Une jeune religieuse polonaise vient frapper à la porte, demander de l'aide. Mathilde la suit jusqu'à un couvent où elle aide une jeune femme à accoucher d'un enfant qui sera immédiatement donné à l'adoption. Plusieurs autres accouchements suivront, les religieuses aillant été victimes de viols à répétition. Quel film triste ! J'ai pleuré pendant à peu près 1h55 (le temps du film). L'image est belle, l'hiver blanc immaculé dans la forêt est superbement filmé, les visages des religieuses apparaissent comme des tableaux flamands, mais l'espoir, vous savez la petite flamme de la bougie, semble avoir abandonné l'humanité. Les seuls moments de répit aux charges émotionnelles viennent de Samuel, le chirurgien de la croix-rouge, survivant vaguement amoureux. Triste, trop triste.

Carol


Carol de Todd Haynes est l'adaptation du deuxième roman de Patricia Highsmith, la romancière dont les oeuvres ont tant de fois été portées à l'écran par Alfred Hitchcock. Nous sommes au début des années 50. Carol est enfermée dans un mariage terminé. Préparant Noël elle promène sa grande élégance dans un magasin, un magasin comme les Galeries Lafayette à Paris, à New York. C'est là qu'elle rencontre Therese, la délicate et charmante Therese, qui office derrière le comptoir des poupées. Elles tombent amoureuses. Deux amoureuses au début des années 50, forcément cela ne sera pas facile...Un film extrêmement léchée. L'image est très esthétique. Cate Blanchettt joue à la perfection une beauté fatale et dure en quête de liberté. Therese, petit animal fragile et fort, cherche elle aussi à se libérer d'une vie qui promet d'être conventionnelle. C'est une histoire d'amour, dérangeante parce qu'elle rappelle le prix qu'il faut payer, pour les femmes, pour vivre comme elle le voudraient. A la sortie du cinéma, en regagnant ma voiture j'étais suivie par un couple sorti de la même séance. L'homme, un peu en colère, disait à sa femme qu'il ne comprenait pas cette femme prête à tout sacrifier " pour quoi ? hein pour quoi ? pour vivre sa sexualité ! ". Cette reflexion m'a fait souffler et lever les yeux au ciel. Si Carol accepte que sa petite fille, qu'elle aime plus que tout, reste chez son père, ce n'est pas pour assouvir sa 'sexualité'. Non, elle veut offrir à sa petite fille de côtoyer une mère heureuse. Elle veut ouvrir la voie d'un monde où les femmes aiment celle ou celui qu'elles ont choisi(e), travaillent, conduisent leur voiture, sont libres de leur choix et les assument. 

Je suis Pilgrim de Terry Hayes

Voilà un moment que je n'avais pas lu un si bon polar...et pourtant tout partait mal entre nous. Je lorgne toujours sur les tables Romans Policiers des librairies mais ces derniers temps, rien ne me séduisait...J'avais bien vu Je suis Pilgrim mais la lecture de la quatrième de couverture m'avait laissé de marbre. Et puis une chroniques radio bien sentie (c'est-à-dire très enthousiaste) m'a mis le pied à l'étrier et j'ai acheté le roman de cet anglais émigré en Australie et scénariste à Hollywood. 900 pages de page turner. C'est un nouveau James Bond, un agent secret doué qui mène de front deux enquêtes avec les moyens du renseignement américain. Intéressant que le méchant soit un Arabe de Djeddah qui manie aisément les nouvelles technologies...Intéressant qu'on voyage de Moscou à l'Hindu Kush (Afghanistan) en passant par la Turquie. C'est une bonne enquête, haletante, écrite simplement et découpée en mini chapitres (pratiques pour arrêter puis reprendre). Peu de personnages, beaucoup de paysages, un agent secret crédible, froid mais pas inhumain, des méchants, méchants mais avec, pour certains, des circonstances atténuantes. Bref un très bon roman aux éditions Le Livre de Poche.
Je suis pilgrim Terry Hayes

Annette Messager à Calais


Exposition Calais Annette Messager

La ville de Calais a invité en résidence artistique la plasticienne Annette Messager. L'exposition a pour nom Dessus Dessous et présente 19 oeuvres dans les salles du Musée des Beaux-Arts et de la Cité de la dentelle et de la mode. Annette Messager est né à Berck-sur-Mer dans le Pas-de-Calais et depuis toujours le tissu occupe une place centrale dans son oeuvre. Un article de La voix du nord nous rappelle qu'elle coupe, coud, déchire, assemble tissus, fils, laines, dentelles depuis ses débuts.  "Contrairement à certaines féministes, je considère le tissu comme un atout des femmes. C’est aussi beau qu’une grande toile de mec. C’est un matériau qui entre dans l’histoire de l’art", confie-t-elle.

Le spectre des couturières Annette Messager
Les spectres des couturières © Marc Domage ©ADAGP Paris 2015

C'est avec des tissus et beaucoup plus qu'elle parle du monde. Un monde d'interdits, un monde démembré où, malheureusement, les radeaux pour traverser ne sont pas aussi moelleux que des traversins.

Annette Messager
Histoire des traversins 1996-2015 ©Pascal Goffaux

Notre planète Annette Messager
Notre Planète, 2013-2014, © Marc Domage 


Partons en visite exposi-sons avec Annette Messager et France Musique. Quand l'artiste parle elle-même de ses oeuvres, ça fait toujours plus sens.

Les Interdictions Annette Messager
 Les interdictions, 2014 © Marc Domage © adagp, Paris 2015
Les Soutiens-Gorge - 2015 © Marc Domage
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Vous pouvez retrouver ma visite de la Cité de la Dentelle où j'ai pu admirer les énormes machines, un peu ogresses, d'où sortent les plus délicates des dentelles comme le rappelle Annette Messager.

Constellation, le livre

constellation Adrien Bosc
Constellation : avion de ligne quadrimoteur pressurisé capable de franchir une distance de cinq mille six cents kilomètres d'un seul tenant. 

Les catastrophes aériennes se succèdent. La disparition du vol MH370 quelque part le 8 mars 2014, 239 passagers. L'explosion du vol MH17 à Donetsk, le 17 juillet 2014, 283 passagers. Le vol 9525 qui se jette dans une montagne des Alpes de Haute Provence, le 24 mars 2014 avec 144 passagers. Le vol 9268 s'écrase au milieu du Sinaï égyptien le 31 octobre 2015 avec 217 passagers. Les images d'avions éventrés, de débris éparpillés et de familles en pleurs se succèdent à la télévision dans une succession de chiffres et de sigles. Et pour nous, qui regardons l'écran, il se passe quoi ? Un léger pincement au coeur pour les familles de passagers et une sorte d'éphémère soulagement. Heureusement que je n'avais rien à faire dans un vol Amsterdam-Kuala Lumpur, heureusement que ce n'était pas moi ou ma mère, mon frère, mon ami, mon enfant...sinon nos vies se seraient brisées. Et pour les médias nous n'aurions été que des passagers anonymes, comptabilisés parmi 239, 283, 144 ou 217 et pourtant...
Derrière les chiffres, les circonstances et les hasards se cachent des vies. Dans son roman, Constellation, Adrien Bosc s'attarde un instant sur les passagers et les membres de l'équipage du vol Paris-New York d'Air France qui s'est écrasé le 28 octobre 1949 aux Açores. Bien sûr on a entendu parler de Marcel Cerdan, célèbre boxeur, amant d'Edith Piaf, mais le romancier s'attache à ébaucher certaines des  47 autres vies.  Le roman est travaillé en courts chapitres chacun précédé d'une citation. En si peu de pages, il n'est pas question d'attachement ou d'exhaustivité juste de l'évocation d'un homme ou d'une femme, comme cette jeune Amélie Ringler, ouvrière bobineuse à l'usine de coton Dollfus Mieg et Compagie de Mulhouse qui part pour Detroit, USA, reprendre l'usine de bas nylon léguée par sa marraine. Vous comprenez ? On aimerait en savoir plus sur Amélie, savoir comment ça s'est passé en Amérique, est-ce que ce fût l'American dream, tout ça,  mais sa vie s'est arrêtée là  dans une catastrophe aérienne ou dans l'itinéraire d'un vol raté.

Constellation, Adrien Bosc, Le Livre de Poche


Cinéma, cinéma


MARGUERITE de Xavier Giannoli
Le Paris des années 20. Maguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d'opéra. Depuis des années, elle chante régulièrement devant son cercle d'habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne lui a jamais dit la vérité. Son mari et ses proches l'ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public, à l'Opéra.
J'avais beaucoup apprécié le film Quand j'étais chanteur du même cinéaste avec Gérard Depardieu et Cécile de France. Là j'étais séduite par la talentueuse Catherine Frot et curieuse de l'histoire de cette femme qui voulait être artiste. Les décors du film sont somptueux, la construction en chapitres est plaisante, les acteurs sont justes. Mais j'ai beaucoup plus aimé l'esthétique du film que son propos. J'ai trouvé le tout un peu caricatural. On s'évertue à montrer que Marguerite chante faux, très faux, que tout le monde lui ment, que tout le monde se moque, chaque personnage est un peu étrange, bizarre, le majordome énamouré, la femme à barbe un peu voyante, l'extravagant professeur de chant, le paon...mais qui Marguerite est-elle vraiment, mystère, encore une fois ne reste que les apparences, le décorum.

MEMOIRES DE JEUNESSE de James Kent.
Printemps 1914. Jeune femme féministe à l'esprit frondeur, Vera Brittain est résolue à passer les examens d'admission à Oxford, malgré l'hostilité de ses parents particulièrement conservateurs. Décidée à devenir écrivain, elle est encouragée et soutenue par son frère et sa bande d'amis - et notamment par le brillant Roland Leighton, dont elle s'éprend. Mais les rêves de Vera se brisent au moment où l'Angleterre entre en guerre et où tous les jeunes hommes s'engagent dans l'armée. Elle renonce alors à écrire pour devenir infirmière.
Le mot drame prend tout son sens à travers ce film qui interroge sur le sens, où plutôt le non sens, l'absurdité, de la guerre. Il parle d'amour... comme c'est un lien doux et violent, paradoxal. Il parle du deuil et de la souffrance de ceux qui restent et de ce qu'on doit faire pour continuer à vivre. C'est un film romanesque, qu'on regarde comme si on tournait les pages d'une fresque historique racontée par une jeune fille - l'actrice Alicia Vikander est superbe dans son rôle de jeune femme exaltée. C'est beau mais c'est triste.

Aller au cinéma c'est aussi l'occasion de repérer les films qu'on aimerait voir plus tard. Pour ma part je prends rendez-vous pour Mon roi de Maïwenn et Emma Bovary de Sophie Barthes. Oserais-je avouer que je n'ai pas lu le roman. Et puis, n'oublions pas l'agent 007...

La loi du marché de Stéphane Brizé

affiche cinéma la loi du marché Stéphane Brizé

Sur les ondes radio, le festival de Cannes édition 2015 a été commenté comme "ennuyeux, pas réjouissant, pas sensationnel" etc. Cette façon d'aborder les choses m'a quelque peu agacée. Année après année, les mêmes journalistes cinéma nous livrent leurs critiques sans préambule. Pourtant il serait de bon ton qu'ils se rappellent qu'ils ont la chance d'être dans un pays avec une grande tradition de cinéma qui a a encore les moyens de s'offrir un festival international couvert par les médias nationaux auxquels ils appartiennent. Il serait de bon ton qu'ils se rappellent qu'ils vont tous frais payés dans une région majestueuse pour voir des films que les autres verront, plus tard, ailleurs, à leurs frais s'ils peuvent se payer le billet plein tarif...Se souvenant de tout cela, il regarderait certainement d'un autre oeil le cinéma de 2015. 2015 n'est pas une année réjouissante et il serait étonnant que les artistes, les cinéastes, dans leur art parlent d'autres choses que de l'écroulement du monde. Bien sûr, la croisette c'est paillette mais la vie, dont le cinéma essaie de s'approcher, l'est beaucoup moins. 
La loi du  marché, ça ressemble à un documentaire pas drôle mais cela a le mérite de dire vrai. Thierry est au chômage, on le verra se débattre avec Pôle Emploi et pointer avec son conseiller la débilité d'un système. On le verra chercher des solutions à son manque d'argent. Affaibli par le chômage, les chacals rôdent. N'est-ce pas le propre de tout animal charognard que de flairer la proie malade ? On le verra retrouver un emploi dans un supermarché, qui a besoin de meilleurs résultats, et dont la variable d'ajustement sera les caissières. Et on se posera avec lui les questions. Pourquoi ? Jusqu'où ? Est-ce encore possible ? Faut-il continuer ? Qui suis-je ? Non. 
C'est un grand mérite pour un acteur, de jouer un type normal, un vrai type normal, qui est en difficulté. Ce n'est sans doute pas facile de faire du cinéma sur le thème du chômage ; c'est pas glamour le chômage. Aller voir ce film-là, ce n'est pas se payer une franche tranche de désinvolture et de joie de vivre mais c'est nécessaire de le faire pour regarder en face le monde auquel nous appartenons et que nous voulons changer. La salle était pleine.