Sur les ondes radio, le festival de Cannes édition 2015 a été commenté comme "ennuyeux, pas réjouissant, pas sensationnel" etc. Cette façon d'aborder les choses m'a quelque peu agacée. Année après année, les mêmes journalistes cinéma nous livrent leurs critiques sans préambule. Pourtant il serait de bon ton qu'ils se rappellent qu'ils ont la chance d'être dans un pays avec une grande tradition de cinéma qui a a encore les moyens de s'offrir un festival international couvert par les médias nationaux auxquels ils appartiennent. Il serait de bon ton qu'ils se rappellent qu'ils vont tous frais payés dans une région majestueuse pour voir des films que les autres verront, plus tard, ailleurs, à leurs frais s'ils peuvent se payer le billet plein tarif...Se souvenant de tout cela, il regarderait certainement d'un autre oeil le cinéma de 2015. 2015 n'est pas une année réjouissante et il serait étonnant que les artistes, les cinéastes, dans leur art parlent d'autres choses que de l'écroulement du monde. Bien sûr, la croisette c'est paillette mais la vie, dont le cinéma essaie de s'approcher, l'est beaucoup moins.
La loi du marché, ça ressemble à un documentaire pas drôle mais cela a le mérite de dire vrai. Thierry est au chômage, on le verra se débattre avec Pôle Emploi et pointer avec son conseiller la débilité d'un système. On le verra chercher des solutions à son manque d'argent. Affaibli par le chômage, les chacals rôdent. N'est-ce pas le propre de tout animal charognard que de flairer la proie malade ? On le verra retrouver un emploi dans un supermarché, qui a besoin de meilleurs résultats, et dont la variable d'ajustement sera les caissières. Et on se posera avec lui les questions. Pourquoi ? Jusqu'où ? Est-ce encore possible ? Faut-il continuer ? Qui suis-je ? Non.
C'est un grand mérite pour un acteur, de jouer un type normal, un vrai type normal, qui est en difficulté. Ce n'est sans doute pas facile de faire du cinéma sur le thème du chômage ; c'est pas glamour le chômage. Aller voir ce film-là, ce n'est pas se payer une franche tranche de désinvolture et de joie de vivre mais c'est nécessaire de le faire pour regarder en face le monde auquel nous appartenons et que nous voulons changer. La salle était pleine.
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