Un blog féminin autour des loisirs créatifs. Pour les fans de CROCHET - COUTURE - BRODERIE - TRICOT qui n'ont pas renoncé au CINEMA , à la MUSIQUE et aux LIVRES.
Au début, une main est coupée. Ca se passe dans un atelier de taille de pierres dans le quartier des diamantaires à Anvers, en Belgique, un quartier en forme de S.
Perdre une main pour un tailleur de pierre c'est viré dans la folie. Il part, quitte Anvers pour l'Italie, puis la France, roule d'échec en échec. C'est dans la capitale française, à l'occasion de son enterrement, que nous retrouvons son fils Pier, dans le bâtiment le jour, voleur d'objets d'art la nuit. Un enterrement, lieu de rencontres des famille décomposées. Pier fait la connaissance de Gabriel, son cousin, qui l'embarque à Anvers, dans le quartier en forme de S. Retour vers le lieu du drame de son père, source de fantasmes et de rancoeurs. A Anvers, peut-on assouvir une vengeance ?
Il faut saluer, absolument, l'art du récit du réalisateur. Enfin un film qui avance sans bavarder plus que de raison sur la psychologie des personnages. On avance avec Pier ; on se demande ce qu'il va lui arriver, comment va t-il se comporter, se sortir de telle ou telle situation. Evidement c'est un film noir, pas de place pour une happy end, pas de place pour la grandiloquence, tout est net et beaucoup est dit sur l'argent, l'arrogance, la famille, le désir, la confiance, les déceptions, la loyauté, l'abandon.
Le livre Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau acheté par mes parents voilà longtemps trône dans ma bibliothèque mais je ne l'ai jamais lu. Sans doute parce que ce n'est pas un livre que j'ai choisi mais un héritage, abandonné là, à quelqu'un qui aime lire. Je n'ai jamais vu non plus les films de Jean Renoir et de Luis Buñuel adaptés du roman. Je suis donc allée au cinéma pour découvrir le film de Benoit Jacquot sans idée préconçue de ce qu'il fallait que je voie ou pas.
Comme toujours avec ce cinéaste, j'ai aimé la lumière, les costumes, le décor et les dialogues. Comme ça fait du bien de voir par les fenêtres du grand écran la campagne de province, les fleurs, le vent et les vagues de la Normandie. C'est l'histoire d'une femme de chambre à la fin du XIXème siècle. Epoque cruelle, comme toutes les époques, pour les pauvres avec un petit supplément pour les femmes. Elle sert des gens riches dont elle devient l'objet. Ma fille, allez me chercher une aiguille. Ma fille, allez me chercher du fil. Ma fille, allez me chercher des ciseaux. Ma fille, dépêchez vous. Ma fille, soyez moi dévouée corps et âme. Célestine obtempère mais son âme, à l'esprit rebelle, virevolte parfois. Comme elle est jolie et que sa rébellion cache sans doute quelque pointe d'intelligence, l'agence de placement de gens de maison lui promet un avenir meilleur si elle cesse son "inconduite", si elle se veut un peu plus docile, un peu moins insolente, nécessité faisant loi. Un avenir meilleur, c'est un mariage, une autre forme d'avilissement sans doute, avec le bourgeois, veuf ou vieux célibataire, que l'on aura servi. N'est-ce pas ce qu'attend Rose, la servante de la maison voisine? Elle guette la mort de son fantasque patron pour jouir de la maison qu'il aura inscrite à son nom dans son testament. Oui mais Célestine est une servante qui méprise les bourgeois qu'elle sert. Elle ne les envie pas, elle ne rêve pas d'être à leur place, son luxe serait sa liberté. C'est ce que lui promet Joseph le jardinier. Taiseux, gestes brusques, antisémite acharné (nous sommes au temps de l'affaire Dreyfus), il partage avec Célestine la douce haine de la classe dominante à laquelle il semble si dévoué.
C'est un film qui parle de la lutte des classes, de la servitude dont on voudrait s'échapper mais qui nous tient. Combien nous coûtera t-il d'être libres ? Est-ce possible d'être libres ? C'est un film qui parle de la condition des femmes - épouse - servante - maîtresse - prostituée - les choix sont limités. Combien de frustrations ?
Film brutal, enivrant, fort, servi par d'excellents acteurs, premiers et seconds rôles. Un petit coup de coeur pour Mélodie Valemberg qui joue bien justement la cuisinière, résignée, Marianne.
3,50 € le prix d'un paquet de bons macaronis ou le prix d'un peu de nourriture intellectuelle.
Hier j'ai choisi de nourrir mon cerveau et j'ai profité du Printemps du Cinéma pour aller voir le film Un homme idéal de Yann Gozlan.
Souvent avant d'aller voir un film, j'ai la mauvaise habitude de lire les critiques, Le monde, Télérama, Les Inrocks...et la critique sur ce film-là était plutôt mitigée. Résultat je n'y serais pas aller si la séance avait été au prix fort...On me décrivait un thriller au scénario mal ficelé, parodie de grands films La piscine de Jacques Deray ou Plein Soleil de René Clément ou encore Match Point de Woody Allen. Si je n'avais écouté que les critiques, j'aurais eu tort car j'ai passé un bon moment.
Mathieu Vasseur, déménageur le jour, tente en vain de faire publier son roman. Heureux hasard des déménagements, il tombe sur le journal de guerre d'un appelé d'Algérie. Il copie mot à mot le journal, l'envoie aux Editions du Cercle sous son propre nom et est publié. La jeune Alice, gentille intellectuelle issue de la classe favorisée, devient la compagne du grand écrivain en devenir. Le gris de la banlieue parisienne et les déménagements laissent place au bleu éblouissant de la Côte d'Azur, lieu de villégiature de la belle-famille de Mathieu, écrivain. Et c'est au coeur de ce doux climat que les ennuis vont commencer et s'accumuler pour notre usurpateur.
Même s'il y a des scènes qui font penser, et parfois maladroitement, à des films bien connus, ce n'est pas dérangeant et après tout rien ne se créé ex-nihilo (comme nous le démontre d'ailleurs le film). Immédiatement je me suis laissée embarquer dans le changement de vie du jeune apprenti écrivain, comment va t-il faire, jusqu'où va t-il aller dans sa conquête d'une vie meilleure ? Le scénario ne nous laisse pas souffler et interroge en creux sur les mécanismes de l'écriture et de l'identité.
Courez au cinéma, le Printemps du Cinéma c'est jusqu'à ce soir !
Cinéma du dimanche soir, Le beau monde de Julie Lopès-Curval. Alice rencontre, dans une pâtisserie chic où elle sert tartelettes aux fraises et cafés, Agnès. Puisque celle-ci aime bien son pull, qui lui fait penser à Rothko, Alice, qui a tricoté son pull à partir de laine qu'elle teint dans la baignoire, lui demande son aide pour entrer à l'école Duperré (école supérieure du design, de la mode et de la création). Oui, Agnès travaille dans la mode. Alice veut travailler dans la mode. Va pour Paris.
Alice y rencontre Antoine, le fils d'Agnès qui abandonne HEC pour exposer des diptyques de photos. Un portrait et l'environnement derrière le portrait. Nait entre eux une histoire d'amour, elle lui dira même "quand je n'ai plus eu peur de t'aimer, c'est un torrent d'amour qui est sorti de moi" mais c'est une histoire d'amour contrariée par la différence d'origine sociale. Que veut vraiment Antoine ? Entrer dans un milieu plus modeste pour servir ses photos ? Quand ne se sentira t-elle plus nulle dans ce monde où tout est beau ?
L'histoire d'amour est prétexte d'une réflexion sur l'art et sur la lutte des classes. C'est un récit classique, joliment interprété mais un peu froid. Pas de véritable vertige ni de grand élan. En fait, pour les images sur la broderie, le travail des mains, les questionnements de l'âme, la vie sauvage, vous préférerez peut-être comme moi le film d'Eléonore Faucher Brodeuses.
Je lis la biographie de Marie Stuart, écrite par Stefan Zweig et traduite par Alzir Hella. C'est une lecture exigeante ; je ne réussis à lire que quelques pages chaque soir surtout lorsque sont glissés des poèmes ou des lettres d'époque. La langue du livre est complexe ; les phrases sont entremêlées dans une construction grammaticale élaborée. La trame de fond est historique, mais même si documentée, Stefan Zweig préfère à la forme scientifique qu'on pourrait attendre d'une biographie une forme plus proche du roman. L'auteur semble s'intéresser autant à la psyché de ses personnages qu'à leur destin. Evidemment c'est assez passionnant...mais il faut s'accrocher.
D'un abord beaucoup plus simple, on peut aller voir au cinéma le dernier film de Patrice Leconte Une promesse adapté d'une nouvelle de Zweig. Allemagne, 1912, un jeune diplômé devient le secrétaire particulier d'un homme âgé, patron d'une usine de sidérurgie. L'état de santé de ce dernier se dégrade et lui impose de rester à son domicile. Il y accueille le jeune homme pour travailler. L'épouse du patron est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s'éprend d'elle, sans oser révéler ses sentiments. Dans le huit-clos de la demeure couve une passion amoureuse. J'ai bien aimé le film même si ce n'est pas un chef d'oeuvre. J'ai aimé les jeux de couleurs, un parc traité au printemps ou en été avec des couleurs chaudes du temps du bonheur, et qui devient bleu-gris du temps de la guerre et de l'exil. La musique, délicate, accentue la touche romantique du film. Facture classique pour un film avec quelques lenteurs. Les acteurs sont excellents, mention spéciale à la jolie Rebecca Hall, une jeune épouse parfaite dont la vie s'effrite dès la révélation de cet amour inattendu. Peut-être vais-je relire un jour, j'ai acheté beaucoup de livres dernièrement, l'original Voyage dans le passé.
Au départ je ne voulais pas y aller. Trop de battage médiatique pour être honnête me disais-je...Et puis en virée à Paris avec ma copine Sarah, la file d'attente du Grand-Palais, de plus d'une heure trente dans le froid pour l'exposition Cartier, nous a convaincues de nous rabattre sur le cinéma MK2, Odéon pour une séance Yves Saint Laurent.
C'était pas mal. J'ai trouvé cela un peu triste quand même, il paraît que c'est la vie de Saint Laurent qui veut ça. Pierre Niney est, comme l'ont dit les critiques, assez fascinant de mimétisme. Guillaume Gallienne, dont j'écoute souvent l'émission Ca peut pas faire de mal sur France Inter, est impeccable, comme d'habitude.
C'est un film qui ne parle pas vraiment de mode mais plutôt d'une histoire d'amour entre deux hommes. L'un artiste excessif, l'autre homme d'affaires raisonnable. Ca raconte, un peu, le mal être, l'homosexualité, les petits arrangements de l'amour. J'ai trouvé les personnages secondaires un peu ternes ou pas assez exploités - Loulou de la Falaise (Laura Smet (qui surjoue)) - Karl Lagerfeld (Nikolai Kinski) - Jacques de Bascher (Xavier Lafitte)). J'aurais, mais c'est personnel, aimé en savoir plus sur la célèbre collection d'art et son 'influence' dans le travail de Saint Laurent, sujet effleuré avec l'histoire de la robe Mondrian. J'aurais aimé mieux comprendre les relations entre Yves Saint Laurent et sa mère. Ma copine a trouvé le rythme incertain entre les périodes de la vie de Yves Saint Laurent. Le film est bien mais pas assez abouti ; peut-être parce qu'Yves Saint Laurent est ici raconté par un tiers, Pierre Bergé, son amant et mentor.
Mention spéciale pour la musique : Ibrahim Maalouf, Patrick Watson, Maria Callas.
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Tout ça m'a mis en appétit. Un film concurrent, non approuvé par Pierre Bergé, signé Bertrand Bonello sortira à l'automne. Yves Saint Laurent sera interprété par Gaspard Ulliel. Il faudra aller le voir.
En attendant, j'espère trouvé un petit moment pour lire le 'sulfureux' Beautiful People d'Alicia Drake.
La photo est un peu floue, premiers pas avec Instagram. Elle résume un peu de ce que j'ai fait au mois d'avril. Je suis allée au cinéma presque chaque dimanche après midi. J'ai vu Effets Secondaires de Soderbergh. Pas mal, surtout pour l'actrice principale, quelques imperfections quand même. J'ai aussi vu le documentaire de Nicolas Philibert sur Radio France. Ouais. Marguerite Gâteau -n'est-ce pas un nom formidable? - c'est elle qui s'occupe des fictions radiophoniques, un travail vraiment intriguant. Documentaire rempli d'anecdotes douces et légères ; politiquement très léger aussi. Dommage. Et enfin par curiosité, pour me souvenir de Hong Kong, une Chine complétement "vintage", une Chine qui n'existe plus, The Grandmaster de Wong Kar Wei, scénario alambiqué, scènes de combat comme si on était à l'Opéra de Paris pour un ballet, curieux, poétique, intéressant, mais j'avais oublié que je n'étais pas une grande amoureuse de ce cinéma-là.
J'ai lu l'émouvant Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan. Le titre est joli ? Signé Bashung. Le livre est vraiment poignant. C'est l'histoire d'une femme et d'une famille imparfaites. Comment s'y retrouver ? Comment s'en sortir ? Comprendre ?
Et puis j'ai écouté de la musique australienne, une musique très harmonieuse, très mélodique, je ne m'en lasse pas, I awake de Sarah Blasko, découverte sur France Inter.
Deux contes au cinéma. Happiness Therapy, un conte américain avec une fin heureuse. Ou comment grâce à un petit challenge donné à soi-même on peut retrouver le chemin du bonheur. Plaisant. Au bout du conte. Le dernier film d'Agnès Jaoui, un conte français avec du cynisme et des grognasseries dedans. Une jolie fin mais ternie par tout un tas de questions et de pourquoi sans réponse. Plaisant.
Du plaisant encore. Au cinéma chanté par Lianne La Havas.
Nous sommes le 30 novembre 1962. Georges Falconer a décidé de mettre ses affaires en ordre avant de se suicider. A single Man raconte la (dernière?) journée d'un professeur d'anglais à Los Angelès que la mort de son compagnon de 16 ans dans un accident de voiture a plongé dans la tristesse et le désarroi.
L'esthétique du film (dirigé par Tom Ford, le roi du bling bling des années 90) m'a dérangée. Les lenteurs aussi. J'étais accompagnée d'un homme, pas homosexuel, lorsque j'ai vu le film et étrangement ça m'a dérangée. Après la séance je lui ai demandé ce qu'il en avait pensé. Il a dit "rien".
It is November 30, 1962. George Falconer has decided to get his affairs in order before he will commit suicide that evening. A Single Man centers on the English professor after the sudden death in a car accident of his partner of sixteen years. Wee see him to go about his typical day in Los Angeles.
Aesthetics of the film (director is Tom Ford, the 90's king of bling bling) bothered me. Slowness also. I saw A single man with a man (not gay) next to me and I didn't feel comfortable with that. After the movie, I asked him "what did you think ?". He replied "nothing".
"Special dedidace to Dirty Black Nails" Photos floutées, Amphithéâtre Lok Hing Lane, Long Kwai Fong, Hong Kong
Un samedi soir au climat particulièrement clément, amphithéâtre de Lok Hing Lane, une projection en extérieur des Vacances de Mr Hulot de Jacques Tati version remasterisée.
C'est la première fois que je vois ce film en noir et blanc quasi muet.
Les vacances dans les années 50, à l'hôtel de la plage, les estivants arrivent par grappe pour les vacances. M. Hulot, fantasque et original, arrive aussi au volant de son automobile improbable et pétaradante. Le bruit extravagant de sa voiture présage probablement de la suite qu'il donnera à ces vacances d'été promises au calme et au farniente. En canoë-kayak, à dos de cheval, sur un cour de tennis, au cimetière, ses gaffes attendriront ou exaspéreront ses congénères et, en tout cas, raviront le spectateur qui rit. Poésie loufoque donc samedi soir à Hong Kong pendant qu'il fait encore doux dans l'air et sur le grand écran.
Après le film, DJ Oof a mixé. Ce DJ mélange musique et images. Ici il a déformé, reformé, transformé des images du film et proposé une bande son originale. J'ai aimé la musique, moins les images.
Saturday night.
Climate is mild.
Amphitheatre Lok Hing Lane.
An outdoor screening dedicated to famous French director Jacques Tati.
At 7:00pm I discovered a new restored version of Mr Hulot's holiday. As holidaymakers invade the Hôtel de la Plage, the whimsical and offbeat Mr Hulot arrives in his spluttering, antiquated Samson motorcar. Through his cheerful clumsiness, he keeps disturbing the peace and quiet of the city dwellers on holiday. In a kayak, on horseback, on the beach, at the tennis court, in the hotel dining room, in a cemetery or during a picnic. His elegant against-the-tide buffoonery and a gallery of unforgettable portraits make this summer holiday in the 1950s a masterpiece of petic visual comedy.
After the screening, DJ Oof proposed a cine-mix. He visited the work of the director and proposed a new isual interpretation of the film.
Music was good. I was just a little bit upset by the screening.